Le Parti Libertarien français a reçu une note de la part de l’équipe de Javier MILEI. Nous avons soigneusement traduit cette communication. Ce qui se passe en Argentine aura, un impact mondial, car c’est la première fois qu’un libertarien peut devenir président d’un pays. C’est également une source d’inspiration pour les libertariens français et un exemple à suivre. Cela prouve que les idées libertariennes ne sont pas réservées qu’à une minorité, mais qu’elles peuvent être populaires et avoir un vrai impact sur le quotidien de tous.
Bientôt, premier président libertarien ?
Dimanche 13 août 2023, Javier Milei, un économiste s’identifiant comme libertarien et démontrant une connaissance profonde et cohérente des idées de la liberté, a remporté les élections primaires en Argentine. Entré en politique il y a deux ans, Milei est actuellement député national d’une alliance qu’il a fondée, appelée « La Libertad Avanza ». S’il remporte les élections générales d’octobre et s’impose lors du second tour en novembre, il deviendra le premier président libertarien du monde.
Mais qu’est-ce qui pourrait permettre à Milei de remporter les élections finales ? Et que propose-t-il concrètement ?
Le triomphe de Milei s’inscrit dans le contexte d’une très grave crise économique, politique et sociale qui a plongé la moitié de la population Argentine dans la pauvreté et provoqué une hyperinflation annuelle de 120%, couplée à une chute accélérée de la devise qui a annihilé le pouvoir d’achat de la majorité de la population. C’est un modèle économique et politique institué par le péronisme, dirigé par l’ancienne présidente et actuelle vice-présidente du pays Cristina Kirchner, qui détruit le pays depuis des décennies avec des mesures interventionnistes, des réglementations strictes, des impôts élevés et des nationalisations massives des entreprises. Ceci a conduit non seulement à une longue récession mais aussi à la dégradation de la sécurité et des systèmes d’éducation et de santé publique, le tout dans un cadre de corruption généralisée.
Les opposants classiques, qui participent aux élections contre Milei, proposent des mesures trop timides qui ont déjà montré leur inefficacité. De son côté, Milei présente un discours enflammé contre ceux qu’il appelle » La Caste Politique », groupe qui jouit de privilèges aux dépens du reste de la population. Pour en finir avec la crise et la corruption, il propose le plan « Tronçonneuse« , qui consiste en une série de mesures à court, moyen et long terme, divisées en trois générations de réformes globales.
La première génération de réformes
La première génération de réformes comprend un plan de stabilisation avec une réforme pour réduire l’Etat dont la taille a triplé au cours des cinq dernières décennies, alors que la pauvreté a été multipliée par huit sur la même période. Cette génération comprend aussi une forte déréglementation de l’économie, une réduction des impôts, le remplacement des entreprises publiques par des entreprises privées, une réforme du travail et une réforme monétaire visant à promouvoir la concurrence des devises. Dans le cas de l’Argentine, une telle concurrence conduira inévitablement à la dollarisation, le dollar étant choisi majoritairement par les Argentins lorsqu’il s’agit d’épargner et d’effectuer certaines transactions. Milei prévoit également une réforme monétaire comprenant la fermeture de la banque centrale, ainsi qu’une réforme financière et bancaire similaire au système de la banque Simmons, avec des réserves obligatoires de 100% pour les dépôts à vue.
La deuxième génération de réformes
La deuxième génération de réformes comprend une large ouverture économique avec des accords de libre-échange ainsi qu’une réforme des retraites afin de mettre en place un système de retraites privées. Milei prévoit également de réduire le nombre de fonctionnaires et baisser les prestations sociales, afin de motiver les chômeurs et sans-emploi à se réinsérer dans le marché du travail. Un Ministère du Capital Humain, où seront développées des politiques sur le travail, la santé, l’éducation, la famille et l’enfance, et qui fusionnera plusieurs ministères, est envisagé.
La troisième génération de réformes
Concernant la santé et l’éducation, les réformes de la troisième génération prévoient la mise en place de systèmes de coupons afin de subventionner la demande de ces biens et non l’offre, favorisant la concurrence entre les prestataires de ces services et réduisant par-là même occasion la bureaucratie et la corruption. Bien que les réformes que propose Milei soient toutes radicales pour l’Argentine – pays habitué à la planification étatique depuis plus d’un siècle – le système dit de « vouchers » existe déjà depuis un certain temps dans plusieurs pays comme la Suède, le Danemark, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, Hong Kong et dans de nombreux états des Etats-Unis.
Les réformes et le plan de Milei sont très ambitieux et visent, selon les mots du candidat, à faire de l’Argentine une « puissance mondiale » en trente-cinq ans environ, tout comme d’autres pays qui se trouvaient dans des situations très défavorables et qui ont eux aussi fait des réformes de marché tel l’Irlande, la Nouvelle Zélande et Israël. Un juste retour des choses pour l’Argentine qui, grâce aux idées libérales, a connu un fort développement dans les années 1860, faisant du pays l’une des plus grandes économies du monde à la fin du XIXème siècle.
Milei face aux défis
Milei devra faire face à plusieurs oppositions. D’une part celle des syndicats, identifiés au péronisme, qui rejettent toute tentative de flexibiliser le marché du travail et qui disposent de pouvoir et de privilèges corporatifs accordés par tous les gouvernements depuis l’époque de Péron. D’autre part, celle des « piqueteros », des chômeurs en situation défavorable, soumis à des organisations clientélistes dirigées par des personnalités politiques qui, en échange d’interminables subventions, les obligent à participer à des manifestations où un certain nombre d’entre eux commettent toutes sortes d’actes de violence sur la voie publique. Milei devra également convaincre les hommes d’affaires habitués aux mesures protectionnistes ainsi qu’une part importante de la population qui ne croit plus à la politique.
Milei est la principale figure politique en ce moment et a réussi à captiver nombre d’électeurs avec des idées qui sont nouvelles pour un pays comme l’Argentine. Avec son style rebelle, il n’hésite pas à remettre en question, avec force et conviction, les conséquences négatives de l’Etat-Providence.
Certains le décrivent comme un populiste de droite et l’associent à des dirigeants comme Trump, Bolsonaro et Meloni. Mais Milei diffère d’eux en ce qu’il est un professeur d’économie avec de solides connaissances des idées de l’école autrichienne et est un profond admirateur de Menger, Mises, Hayek et Rothbard. Il n’est donc pas un conservateur, bien qu’il attire également le soutien de cet électorat.
La politique étrangère de Milei sera orientée vers un alignement avec les États-Unis, Israël et d’autres pays occidentaux. Il a exprimé de fortes critiques contre la Chine et d’autres régimes autocratiques dans le monde. Les relations extérieures de son futur gouvernement seront confiées à Diana Mondino, une éminente économiste libérale et professeure qui a étudié aux États-Unis et qui a constitué une équipe de prestigieux professionnels dotés d’une vaste expérience.
Les votes en faveur de Milei, qui représentent plus de 30% et qui ont largement dépassé les prévisions de la majorité des sondages, ont surpris une Argentine qui semblait léthargique et rendent enthousiastes les nouvelles générations. Celles-ci espèrent prospérer dans leur pays au lieu de se voir obligées d’émigrer, comme ce fut le cas pour de nombreux jeunes au cours de ces dernières années.
Milei est persuadé que s’il parvient à convaincre ceux qui n’ont pas assisté aux primaires de voter pour lui – soit plus de 30% de l’électorat – il pourrait gagner dès le premier tour et commencer à créer les bases d’une voie de croissance soutenue pour l’Argentine.
Rédigé Roberto Campos membre de La Libertad Avanza et conseiller juridique de Javier Milei et traduit par Benjamin Gomar pour le Parti Libertarien français.