Zones à faibles émissions : sans effets sur les pollutions, dramatiques pour les ménages

Depuis le 1er janvier 2025, la loi Climat et Résilience impose aux agglomérations de plus de 150 000 habitants de mettre en place des « Zones à faibles emissions » (ZFE) excluant les véhicules anciens de la circulation dans de larges aires urbaines. Cette mesure est dévastatrice socialement et injustifiée en termes de lutte contre la pollution. Le Parti Libertarien est opposé à cette mesure et nous reprenons ici l’article de Vincent Bénard dont nous partageons le développement et la conclusion.

Au nom de la lutte contre la pollution, contre les émissions de de gaz à effet de serre et pour le bien de la santé publique, les métropoles françaises devaient impérativement mettre en place une Zone à faibles émissions (ZFE) au 1er janvier 2025.

carte zfe

Zones à faibles émissions et à forte exclusion

Douze agglomérations avaient déjà créé leur ZFE en 2021 ou 2022, et 4 agglomérations, dont Paris, vont en durcir les termes, excluant les automobiles à la norme « Critair 3 » dʼune aire urbaine élargie – en région parisienne elle va jusquʼà lʼA86 – ce qui peut représenter jusquʼà 30% des résidents du bassin dʼemploi considéré ! Trente autres agglomérations créeront leur première ZFE en 2025, selon des normes moins contraignantes, pour l’instant.

Dans un documentaire publié en décembre 2024, lʼassociation 40 millions d’automobilistes dresse une liste de toutes les conséquences sociales désastreuses escomptables : familles exclues de la circulation dans lʼagglomération qui héberge leur emploi car nʼayant pas les moyens de sʼoffrir un véhicule récent, personnes en suivi médical ne pouvant plus honorer des rendez-vous en ville, artisans dans lʼincapacité dʼintervenir dans certains quartiers, itinéraires « ZFE » aberrants transformant des automobilistes de passage en délinquants automatiques, etc.

Ce concept dʼexclusion est dʼautant plus contestable que tous les véhicules de plus de 4 ans ont lʼobligation de passer tous les 2 ans un contrôle technique, une vignette attestant leur droit à circuler. Les véhicules exclus des Zones de Faibles Emissions selon une norme étatique sont donc souvent considérés comme parfaitement conformes par une autre norme édictée par le même État. Inutile de chercher de la cohérence, il nʼy en a pas.

Les ZFE sont-elles justifées par la nécessité de réduire la pollution ?

La question de fond est la suivante : la pollution automobile mérite-t-elle un tel traitement de défaveur ? La réponse est « non ».

LʼUnion routière de France (URF) publie chaque année un document de faits et chiffres qui comporte un chapitre consacré aux pollutions atmosphériques routières. Il est alimenté par les données du CITEPA, une ONG quasi-publique, financée et agréée par le ministère de lʼEcologie qui en a fait lʼorganisme officiel de référence sur la mesure des émissions de gaz à effet de serre et polluants atmosphériques.

Les données 2022 (dernière année disponible) montrent que lʼautomobile est devenue un acteur mineur de la pollution atmosphérique, tous polluants inclus (CO, NOx, SO2, COVNM, particules fines).

graphique

Depuis le début du millénaire, les émissions totales (tous secteurs) de ces polluants ont été divisées par 2 à 5 selon le polluant considéré, et la part de la circulation routière dans ces émissions (tableau ci-dessous) a diminué, indiquant une baisse encore plus importante dans le secteur automobile. La circulation routière représente moins de 10% des émissions de polluants atmosphériques, sauf pour les oxydes dʼazote 43%, dont les émissions routières ont néanmoins été divisées par trois en 25 ans.

tableau des émissions

Ces résultats sont dʼautant plus remarquables que depuis le début du siècle, le nombre de kilomètres/véhicules qui circulent a augmenté dʼenviron 20%. En matière de dépollution, lʼindustrie automobile a fait du bon travail.

La situation s’améliore aussi dans les grandes agglomérations

Les défenseurs des ZFE, à lʼaide de  chiffres plus que discutables, justifient leurs postures anti-automobile par la pollution alarmante de lʼair dans les grandes agglomérations. Là encore, les données disponibles les contredisent, comme le montre lʼexemple de lʼIle de France et plus particulièrement de l’agglomération parisienne, première zone de concentration automobile en France. Tous secteurs confondus, les concentrations de polluants y sont baisse, voire en chute :

graphique ile de france

Il nʼexiste pas de statistiques pour les grandes agglomérations de province, mais il nʼy a aucune raison pour que les tendances y soient différentes. Et les moyennes nationales prouvent que la part de l’automobile dans ces concentrations est minoritaire, voire marginale.

tableau émissions parisiennes

CO2 : en baisse lui aussi, malgré la hausse des déplacements

En ce qui concerne le CO2, rappelons tout dʼabord que ce nʼest pas un polluant (il est lʼaliment de la photosynthèse végétale et un produit naturel de la respiration animale), et que, même si le pouvoir réchauffant que lui attribue le GIEC était intégralement avéré, il nʼexiste aucun critère mondial permettant de qualifier de crise le réchauffement actuellement observé.

Rappelons aussi que, de surcroît, les émissions de CO2 routières diminuent en France depuis 2003 (de 130 à 116 Mt/an). Certes, cette fois le secteur routier fait un peu moins bien que les autres secteurs, mais si lʼon prend en compte la hausse du kilométrage parcouru, on constate que les rejets par kilomètre ont diminué de 26%, ce qui est une performance excellente.

Les ZFE, une mesure vexatoire sans aucune utilité

Cette avalanche de chiffres convergents montre que la diminution des émissions routières est déjà remarquable, et quʼil est très loin dʼêtre certain que pourrir la vie de nombreux ménages parvienne à de meilleurs résultats. Les ZFE ne servent à rien !

Elles ne sont quʼune nouvelle vexation infligée aux citoyens et familles ordinaires par les élites éco intégristes qui noyautent le coeur de notre vie administrative et politique qui vivent très confortablement sans avoir à subir les contraintes et graves inconvénients que leurs délires idéologiques imposent à ceux qui en souffrent directement dans leur vie quotidienne.

Il y a un an, pressentant l’imminence dʼun désastre, le Sénat avait, bien timidement, demandé un report de 5 ans de cette mesure. Ce nʼest pas suffisant. Si le gouvernement veut éviter une explosion sociale à côté de laquelle les manifestations des gilets jaunes apparaîtront rétrospectivement calmes, il doit à tout prix abroger ce dispositif inutile, liberticide et dévastateur.

Un article de Vincent Bénard, originellement publié par l’IREF.

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